Le soutien aux enfants et… aux intentions de votes – Par Laurent Lévesque, section locale 145-SCEP et responsable de l’information FTQ Laurentides-Lanaudière –

2005-01-12 00:00:00Nouvelle

À l’occasion du discours du budget 2004-2005, le gouvernement Charest a annoncé une nouvelle mesure, le soutien aux enfants.
Le soutien aux enfants remplace les allocations familiales du Québec, le crédit d’impôt non-remboursable pour enfant à charge et la réduction d’impôt à l’égard des familles. La nouvelle mesure prévoit que les familles ayant un revenu annuel entre 0$ et 100 000$ recevront un chèque tous les trois mois.
Lors de la dernière modification majeure au programme, en 1997, les familles ayant un revenu supérieur à 55 000$ ne pouvaient recevoir l’allocation mensuelle versée aux familles moins bien nanties. Ces familles un peu plus à l’aise ont accueilli la nouvelle avec un certain enthousiasme.
Selon Herman Huot, porte-parole de la régie des rentes du Québec, c’est 550M$ qui est injecté en argent neuf dans les poches des familles québécoises.


Cette mesure à l’odeur progressiste en a surpris plusieurs et a soulevé de nombreuses interrogations parmi les organisations syndicales et les groupes sociaux. Nous avons donc jugé bon de faire une enquête approfondie sur ce qu’implique ce fameux soutien aux enfants.
Depuis son élection en avril 2003, Jean Charest n’a cessé de se déclarer investit d’un mandat clair afin de « réingénier » le Québec. Le parcours devant mener à cette « réingénérie » devait commencer par le bâillonnement de l’assemblée nationale, par des blessures graves dans le code du travail, par l’augmentation des frais de garderie, par des coupures majeures dans l’éducation et l’assistance sociale, par l’augmentation vertigineuse des tarifs d’Hydro-Québec et par de nombreux projets de PPP (partenariats public-privé). Malgré ses 62% d’insatisfaction, ce gouvernement garde toujours le cap.
Pour M. Camil Bouchard, député de Vachon et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi, de solidarité sociale et de famille, le soutien aux enfants est un bon coup de la part du gouvernement. M. Bouchard souligne que même s’il s’agit de toute évidence d’un chèque de visibilité, le programme a la particularité de créer une certaine solidarité entre les parents car ce genre de mesure est irréversible. Malgré tout cela il n’y a pas de grandes différences avec l’ancien programme.
Ce qui nous préoccupe beaucoup plus c’est la façon avec laquelle sera versé ce soutien aux enfants. En fait, tel que mentionné par l’ACEF Lanaudière dans un communiqué publié dans le journal Le Trait d’Union, il est très inquiétant d’imaginer les efforts budgétaires que devront faire les familles à faible revenu en devant planifier leurs dépenses sur des périodes de trois mois. D’ailleurs, l’ACEF Lanaudière se dit indignée d’apprendre que le gouvernement devancera le premier versement juste avant le temps des fêtes et mentionne que cette attitude relève d’une méconnaissance de la réalité des ménages à faible revenu.
Selon M. Camil Bouchard, le devancement du versement mettra beaucoup trop de pression à la consommation sur les familles dans le besoin. Ces familles devront attendre jusqu’en avril 2005 pour le prochain versement. « Il s’agit là d’une manœuvre démagogique, opportune et immorale pour tenter de plaire à l’électorat » déclare-t-il.
Il vous semble peut être que les familles mieux nanties sont avantagées par la nouvelle mesure puisqu’elles ne recevaient pas d’allocation familiale auparavant. Et bien, détrompez-vous ! À titre d’exemple, une famille biparentale à deux enfants dont le revenu annuel se situe entre 85 et 100 000$ ne recevait pas d’allocation mensuelle en 2004. Cette famille recevra 561$ en 2005, il y aurait donc lieu de se réjouir sauf lorsque l’on s’aperçoit que cette famille devra payer 553$ de plus en impôts en fin d’année et aura ainsi la chance de toucher un montant annuel de huit dollars grâce au soutien aux enfants !
Pour M. Bouchard toujours, le principal vice de ce gouvernement est son approche globale en terme de tarification. Un gouvernement qui prétend aider les familles en leur versant un chèque qui a été précédé d’augmentations de tarifs au niveau des garderies, de l’assurance-médicament, du transport en commun et de l’électricité donne littéralement d’une main pour reprendre de l’autre.
Les économistes de l’opposition ont calculé qu’une famille biparentale à deux enfants dont le revenu annuel est de 40 000$ subira une perte nette de 387$ en 2005 si l’on tient compte de l’augmentation des tarifs par rapport aux chèques de soutien aux enfants.
En prenant conscience du nombre de vices qui enrobent ce programme, nous sommes en droit de se demander si le bonbon que nous tend le gouvernement Charest est empoisonné? À vous de juger…

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