Pas de solution à la grève des mineurs de Vale dans l’est du Canada

2010-02-01 14:18:39Nouvelle

25 janvier 2010
Les négociations entre la section locale 9508 de l’United Steelworkers (USW) et la compagnie minière brésilienne Vale pour tenter de sortir de la grève que mènent depuis 25 semaines 250 adhérents du syndicat de Goose Bay et de Voiseys Bay, au Labrador, ont été rompues hier soir, 24 janvier, à St. John, dans la province de Terre-Neuve. Trois journées de pourparlers ininterrompus pendant tout le week-end, sous la houlette d’un médiateur de la province, n’ont pas permis de rapprocher les deux camps.

La direction insiste sur la suppression de la prime sur le nickel et elle n’a pas du tout entendu nos doléances » a déclaré dimanche soir à l’ICEM le négociateur principal du District 6 de l’USW, Boyd Bussey. « Si Vale a cru que nous allions céder par lassitude, elle s’est trompée. Les piquets de grève seront maintenus jusqu’à ce que nous ayons un accord convenable. »

La principale pierre d’achoppement entre les deux camps reste l’insistance de Vale sur la suppression de la prime sur le nickel liée à l’évolution du cours du nickel sur les marchés. Le libellé de l’accord, des questions monétaires et la volonté de la direction d’obtenir plus de latitude pour engager du personnel temporaire opposent aussi les interlocuteurs. La section locale 9508 est le résultat du regroupement de cinq unités de l’USW, dont trois – mineurs, services de restauration et de sécurité – sont en grève depuis le 1er août 2009. Une autre unité, représentant des travailleurs portuaires d’une entreprise autochtone, TSI, sous-traitante de Vale, a une convention collective séparée qui arrive à expiration début 2010.

La question sera maintenant de savoir si Vale va ou non relancer l’extraction du cuivre et du nickel à Goose Bay avec du personnel de remplacement. On suppose que Vale a besoin de concentrat de nickel pour alimenter ses fonderies de Thompson, dans le Manitoba, ainsi que de nickel pour relancer Copper Cliff, où la section locale 6500 de l’USW est en grève. L’entreprise pourrait aussi tirer parti de l’embellie des cours du cuivre, en mettant sur le marché le métal extrait et traité dans la province maritime. En 2008, elle a produit 77.500 tonnes de nickel contenu et 55.400 tonnes de concentrat de cuivre à haute teneur dans ses installations Vale-Inco de Terre-Neuve et du Labrador.

Le redémarrage de la fonderie de Copper Cliff est annoncé de longue date par Vale. Toutefois, la remise en activité d’un des fours de Copper Cliff serait loin de donner à Vale 50% de la capacité de ses installations de Sudbury. Vale obtient une production minimale de deux des six mines du nord de l’Ontario ainsi qu’une production symbolique de ses installations de raffinage de Claribelle.

Le 13 janvier, après exactement six mois de grève à Sudbury et Port Colborne, l’USW a déposé plainte pour négociation de mauvaise foi contre Vale-Inco devant la Commission du travail de l’Ontario, à Toronto. Il a dans son dossier un document interne de Vale daté de juin 2009 et prouvant que Vale veut supprimer des emplois de mineur dans le nord de l’Ontario et, pour des raisons de stratégie, n’extraire que du minerai à haute teneur dans cette région, réduisant ainsi la durée de vie des réserves de nickel. L’USW estime que cela indique que Vale ne gère pas les réserves de la province au mieux des intérêts à long terme des travailleurs et des communautés rurales.

À la date anniversaire des six mois de grève en Ontario, plus d’un millier de mineurs et membres de leurs familles ont défilé et manifesté à Sudbury. Il y a aussi eu un lâcher de ballons symboliques, chaque ballon représentant 4 millions de dollars canadiens de bénéfices de Vale s’envolant du Canada.

L’ICEM ainsi que la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) vont continuer à mettre la pression sur la firme brésilienne pour qu’elle revienne à la table des négociations, au Labrador, à Terre-Neuve et en Ontario, avec des propositions plus équitables.