Toujours la même arrogance de Vale envers les mineurs, les communautés et les pouvoirs publics – 17-01-11

2011-02-01 13:24:05Nouvelle

La semaine dernière, les adhérents de la section locale 9508 de l’United Steelworkers (USW) de la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador ont voté à une majorité de 80% le texte d’une Commission d’enquête sur les relations de travail recommandant l’arrêt de leur grève de 18 mois et la reprise du travail. Mais ce geste de conciliation ne rendra pas leur emploi aux 124 mineurs de cuivre et de nickel.

Leur employeur, le brésilien Vale, rejette d’emblée les recommandations du rapport qui étaient pourtant le fruit du travail d’une commission neutre auquel la direction avait souscrit trois mois auparavant.

La commission indépendante a soumis son premier rapport – des recommandations en vue du règlement du conflit – aux deux parties à la fin de 2010. Ses conclusions ont incité Vale à demander à la section 9508 une reprise des négociations qui se sont tenues à Goose Bay, au Labrador, les 5 et 6 janvier. Mais la direction les a rompues le deuxième jour, marquant son désaccord sur la durée de reconduction de la convention.

Pendant les pourparlers du mois d’octobre, quelques jours avant que l’ancien premier ministre de la province, Danny Williams, installe la commission, Vale voulait une durée de trois ans, tandis que l’USW réclamait cinq ans à dater de l’expiration de la précédente convention, en août 2009. Dans son rapport, la Commission d’enquête recommandait quatre ans. Mais, pendant les négociations de ce mois à Goose Bay, Vale est revenu sur sa position et veut une durée de cinq ans à dater de la ratification, proposant comme date d’expiration le 31 janvier 2016.
Le rapport de la commission sur les thèmes de la négociation collective constitue une bonne base de compromis. S’il juge les deux parties responsables de la longueur de la grève, il dit que l’USW a déjà fait des concessions « significatives » pour en sortir. Il recommande une adaptation des salaires, un plan de primes en fonction des activités de Vale au Labrador, un protocole de reprise du travail et des règles pour le recours à la sous-traitance. La commission n’est pas habilitée à imposer une solution, mais elle a exhorté les deux parties à accepter le compromis ou à soumettre les points litigieux à un arbitrage contraignant.

Mais le plus révélateur est qu’elle voit dans le recours à des « jaunes » l’explication de l’intransigeance de Vale. « Il apparaît à la Commission que, par son attitude, l’employeur n’envisage de compromis sur aucune base acceptable pour le syndicat. »

Vale « affirme souhaiter signer une convention collective, ce que démentent ses actes et ses réactions. » Le rapport accuse aussi la direction d’éluder « le droit du syndicat de négocier au nom de ses membres. »

Les exploitations de Vale de l’Est du Canada tournent maintenant à plein régime avec du personnel de remplacement. Mais presque tous ces « jaunes » travaillent plus de 60 heures par semaine, ce qui n’est pas sans risques. Le deuxième rapport de la Commission d’enquête sur les relations de travail paraîtra fin février et se penchera sur l’intégrité des activités de Vale au Labrador, sur l’impact de la grève sur les communautés rurales, sur les motivations de la grève et sur les stratégies internationales de Vale pour modifier le rapport entre travail et vie privée au Canada.