Les travailleurs américains de l’automobile veulent des accords bilatéraux sur la syndicalisation

2010-08-18 14:45:40Nouvelle

Le recrutement de nouveaux adhérents devrait être facilité aux États-Unis avec l’adoption de l’Employee Free Choice Act (EFCA), texte de réforme de la législation du travail qui garantit le libre choix du salarié et est censé contrebalancer l’avantage dont jouit jusqu’à présent l’employeur qui peut empêcher ses salariés de se syndiquer. Or, malgré un soutien massif des syndicats américains à l’élection du candidat Barack Obama en 2008 et des majorités démocrates à la chambre comme au sénat, la contrepartie n’est jamais venue sous la forme d’une priorité à l’adoption de l’EFCA.

La semaine dernière, le 1er août exactement, le nouveau Président de l’United Auto Workers (UAW), Bob King, a tourné cette page en déclarant lors des séminaires de gestion annuels du Center for Automotive Research que les travailleurs américains méritent que soient protégés leurs droits à la liberté d’association et d’expression inscrits dans le premier amendement à la constitution. Il a appelé la haute direction à y contribuer de bonne foi en signant un protocole sur le scrutin syndical.

Bob King, Président de l’UAW
Bob King a ajouté que l’UAW ne va pas attendre patiemment que l’EFCA soit adopté; il va soumettre aux dirigeants des industries automobiles et apparentées – dont le personnel n’est toujours pas syndiqué – un protocole de « Principes pour des élections syndicales impartiales » garantissant les droits fondamentaux des travailleurs à l’occasion de l’organisation de scrutins d’accréditation syndicale libres de toute entrave. L’UAW publiera ces principes à l’issue d’une prochaine réunion de son conseil exécutif.
Ces principes stipuleront à coup sûr que le syndicat comme la direction peuvent contacter librement les travailleurs désireux de créer une organisation syndicale et ils proscriront les déclarations malveillantes, insultantes et fausses de l’une ou l’autre partie. Mais ce qu’il y a peut-être de plus significatif encore dans le paysage syndical américain est que les principes de l’UAW interdisent toute menace, contrainte ou pression de la part de la direction ou du syndicat dans la préparation ou après les élections.
Bob King a déclaré à ce séminaire destiné aux cadres supérieurs de l’industrie automobile américaine que, dans le cas des entreprises qui souscriront à ces principes et s’y conformeront, « nous respecterons la décision de leurs travailleurs, qu’ils choisissent ou non de suivre le syndicat. »

« Par contre, dans le cas des firmes qui ne souscrivent pas à ces principes, préférant plutôt recourir à la menace contre les travailleurs qui veulent se donner un syndicat ou licencier ceux que essaient de recruter ou encore fermer des sites pour contrer l’activité syndicale, l’UAW ne tolérera aucune violation des droits des travailleurs reconnus dans le premier amendement. »

Il a ajouté : « Ainsi, toute entreprise qui ne souscrit pas aux principes de l’UAW refuse pour l’essentiel de reconnaître la liberté d’expression et d’association, et notre devoir et notre mission sont de faire respecter ce droit. »
Bob King, élu en juin à la tête de ce syndicat de 400.000 adhérents, a fait savoir à l’industrie que « l’UAW du 21e siècle » aura une attitude moins conflictuelle et elle a déjà prouvé aux trois grands constructeurs automobiles américains qu’elle se comportera en partenaire pour la flexibilité, l’innovation, la qualité, le travail d’équipe, la productivité, la poursuite des réductions de coûts et le respect mutuel.
« Nous respectons non seulement les employeurs avec lesquels nous avons des relations, mais nous avons aussi un immense respect pour les sociétés transnationales qui ont construit des usines aux États-Unis, » ajoute Bob King. « Nous sommes heureux de compter en vous des partenaires et des collègues de l’industrie. Nous apprécions le fait que vous offriez des emplois de qualité. Nous admirons bon nombre de vos politiques et de pratiques parce qu’elles sont de qualité. Les usines d’assemblage locales ont un rôle essentiel dans la préservation, le maintien et le développement de la base manufacturière de ce pays. »
Bob King est le premier Président de l’UAW à prendre la parole devant le forum des dirigeants de l’industrie automobile américaine depuis 1994. Il leur a dit que c’est aux employeurs dont le personnel n’est pas syndiqué de choisir si oui ou non ils vont souscrire aux Principes de l’UAW. Mais il a laissé entendre que « les meilleures pratiques d’entreprise, la meilleure façon de contenter les actionnaires est de travailler en partenariat avec l’UAW pour ce qui est de la qualité, la productivité, les taux de présence, le moral du personnel, et l’objectif final qui est de fournir au consommateur le meilleur produit au meilleur prix. »